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Chevalrex

crédits photo : Mathieu Zazzo

Preux chevalier de la chanson tendance minimaliste, Rémy Poncet alias Chevalrex a sa place réservée à la table ronde de la nouvelle scène française. Il figure d’ailleurs aux côtés d’artistes comme Nicolas Paugam, Chaton, Halo Maud ou encore P.R2B dans les compilations de La Souterraine, cabinet de curiosités expérimentales hexagonales. 

Mélomane depuis l’adolescence, Rémy est converti au rock indé par son frère, avec qui il fonde un groupe de “pop artisanale” : les Frères Nubuk ! (ce dit frère n’est autre que Gontard!, sorte de Donnie Darko de l’electro pop). Débutant au sein d’une scène Valentinoise en pleine ébullition suite au succès du groupe Dionysos, le musicien drômois tente sa chance à Paris. Et dans la foulée, fonde l’audacieux label Objet Disque, chez qui on retrouve une vingtaine de signatures grisantes telles que Requin Chagrin, Mocke, Grand Veymont ou encore Barbagallo. 

Symphonies pop, songwriting léché et bricolages électro composent l’univers lumineux de ce musicien multi tâches, épris de poésie et d’expérimentation. Ses chansons à fleur de peau tendant vers la confession révèlent une sensibilité exacerbée et un sens de l’observation des plus finauds. Introspection, ruptures amoureuses, fraternité, dépaysement… Des comptines magnétiques qui dissèquent l’âme humaine à travers une longue procession de thèmes propres aux communs des mortels, abordés avec autant de clairvoyance que de malice. Car la force de Chevalrex, ce sont aussi ses paroles où s’entremêlent tendresse et causticité. Armé de sa voix de velours et rodé au maniement des mots, ce troubadour chevaleresque pourfend sans relâche la platitude des choses, à grand renfort de verbes hauts et de mélodies ingénues.

Tous ses albums ont en commun ce rythme voluptueux et entêtant, orchestré par un savant mélange de cordes, de percussions légères, de cuivres facétieux, de pianos et de bidouillages synthétiques. Catapulte, ovni foutraque et génial enregistré à la maison cumule extravagances électroïdes, percées folk et escapades balkanes. Malgré des pépites telles que le si beau ‘Polina’, l’album se fait discret. Son deuxième album Futurisme, sorti sur le label Vietnam jouit d’une exposition plus conséquente et consacre le Valentinois sur l’autel de la chanson française alternative. ‘Aussi Loin’, ritournelle mélancolique, passe en boucle sur les ondes les plus averties. Un disque envoûtant, prônant un certain culte pour la prose intimiste et les envolées romanesques, madeleines de Proust qui se devinent d’ailleurs dans chaque opus. Notamment dans le troisième, Anti slogan, pour lequel Rémy se serait inspiré de la lecture des œuvres – complètes – de Simone de Beauvoir. 

En véritable homme-orchestre, Chevalrex ne se contente pas d’être multi-instrumentiste en concoctant lui-même sa musique de A à Z, mais réalise aussi ses pochettes d’albums. A côté de sa carrière musicale, il œuvre en effet en tant que graphiste au sein du très cool collectif Brest Brest Brest, atelier de création graphique. Il a notamment réalisé des pochettes pour François de Roubaix ou Bernard Estar, mais surtout celles des artistes d’Objet Disque.

Délicats et touchants, les disques de Chevalrex s’apprécient comme des étreintes tant les mélodies sont douces et les instrumentations cajoleuses. On attend donc avec impatience la venue « providentielle » de son prochain album Providence prévu en 2021, dont quelques titres sont déjà à l’écoute sur le Bandcamp de l’artiste. Et pour patienter, on découvre ce dernier clip de toute beauté sorti en septembre, ‘Tant de fois’.

Eve Guiraud

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