HSRS
On connaissait déjà Julie Bessard dans son premier groupe BESSA : un beau projet porté par le label Capitol (Universal Music) puis Elektra France (Warner Music) entre 2016 et 2017. C’est plutôt en français que BESSA sévissait à cette époque, avec la forte identité de voix de Julie, rappelant le grain chaleureux d’Yseult et l’inégalable vibrato de Lianne La Havas. On pouvait déjà y retrouver des couleurs hybrides electro-jazzy de Björk à Aphex Twin, en passant par Boards of Canada ou Brian Eno. C’est auprès de son père que Julie est allée cueillir ses influences jazz, de Coltrane à Chet Baker et Nina Simone.
HSRS s’annonce comme un très chouette nouveau départ – HSRS est d’ailleurs l’acronyme de « High Self Reset System » – belle digestion de multiples influences rencontrées au gré des nombreux voyages de l’artiste, intérieurs et extérieurs, entre Londres, Afrique de l’Ouest et Paris où elle est désormais installée : pop UK, jazz-punk, musique électronique.
Née à la Ciotat, Julie avait atterri dans la capitale contre l’avis de ses parents et s’était rapidement mise à la production et la composition en autodidacte avec sa guitare électrique, des synthétiseurs et des boîtes à rythmes.
Julie est aussi réalisatrice d’images ; elle co-réalise d’ailleurs le videoclip du premier single bedroom pop d’HSRS, éponyme, paru le 27 octobre dernier et collabore sur les vidéos de Joseph Bird (‘Miles’) et Hannah Rosselin (‘Baka’, ‘Water Song’), de l’élaboration des scénarri au montage.
Sur scène, on la retrouve en trio accompagnée de Delphine Langhoff (NorDiek) et Florent Mateo (3somesisters / Flawd / Virile). Et ce n’est pas un choix hasardeux : les projets et univers des deux artistes se rapprochent des hybridations ingénieuses d’HSRS en véritable alter-ego, avec le même soin apporté aux sonorités et harmonies surprenantes, aux expérimentations synthés et boîtes à rythmes, aux emprunts tribaux et au traitement des voix.
Le 27 novembre 2020, HSRS nous dévoilait un EP riche et surprenant, beau et high level, avec un son electro-jazzy expérimental plutôt unique, des influences instrus rappelant parfois les productions d’une Kate Tempest ou d’une Charlotte Adigéry, un trimbre et une diction mi-Kimbra, mi-Flèche Love, avec de malins traitements de voix à la Sevdaliza : HSRS use sans abuser des pitch, vocoder, harmonizer pour notre plus grand plaisir.
Les singles ‘HSRS’ et ‘Miles’ sont autant de pépites : le premier déjà dévoilé en 2019 avec la cover de Love Supreme (une autre référence à Coltrane), réapparait dans un clip au smartphone avec grand mémé, sur une somptueuse orchestration à la Mac Demarco / King Krule, avec un arrière-goût jangle pop et surf-chill. Tandis que le second est un pot-pourri extra de musiques indé alternatives où guitare bedroom-pop, synthés et beat electro 80’s se mêlent aux voix hyper modernes, teintées de différentes intonations et accents tour à tour adoptés par Julie si bien qu’on ne sait plus combien elles sont !
Du pur Génie.
Harmony Suard
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