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Lous and the Yakuza

crédits photo : Laura Marie Cieplik

Marie-Pierra Kakoma a.k.a Lous, ou soul (l’âme en anglais) en verlan, « and the Yakuza », nom de scène inspiré de son fort attrait pour la culture japonaise et manga, qui font référence à tou.tes.s celles et ceux qui travaillent « dans l’ombre » pour l’aider. À travers l’utilisation de son pseudo, on comprend déjà la complexité du personnage et l’humilité de l’artiste. La jeune chanteuse belgo-congolaise de seulement 24 ans est fan de NarutoDeath NoteQuartier Lointain et bien d’autres mangas. Leur point commun : ils traitent tous de sujets profonds, parfois durs, de notre société actuelle. La rappeuse se dit d’ailleurs inspirée par la loyauté de Naruto « ça n’existe même pas un ami comme ça ».

Ce n’est que récemment que Lous a réellement fait parler d’elle, propulsée sur le devant de la scène dès la sortie de son premier titre, elle avait pourtant déjà fait des apparitions au côté de Damso, Yseult, L’Or du commun ou encore Krisy. Elle collabore à présent avec le producteur espagnol El Grincho, récompensé par deux Grammy Awards pour son travail aux côtés de Rosalia. A mi-chemin entre des couleurs musicales à la fois pop et urbaines, elle est rapidement signée en France chez Sony Music après ‘Mon ami’ – chanson qui n’apparaît malheureusement pas sur son album sorti la semaine dernière. Et oui, Lous est très perfectionniste : elle préfère la version acoustique, déclare ne pas avoir trouvé la formule gagnante pour produire ce morceau. 

Aussi étonnant que cela puisse paraitre à l’écoute de l’album-pépite qu’elle a sorti vendredi dernier, Lous a d’abord chanté en anglais pendant des années. Puis, elle a décidé de masquer du jour au lendemain l’intégralité de ses productions et d’écrire en français. La raison ? Tout simplement le souci de la vérité, l’envie de fouiller au fond d’elle et c’est avec la langue française qu’elle est la plus à même de le faire. Une maitrise du texte hors pair et profondément sincère qui lui réussit en effet tout à fait.

Aujourd’hui, cette artiste accomplie a plus que jamais envie de tout rafler. Et c’est en très bonne voie : son album Gore (titre faisant référence au sous-genre cinématographique) est salué par la critique et connait de très bons débuts. 

Une chose est sûre : il s’agit pour elle d’un beau moyen d’expression, peut-être même d’un exutoire ou d’une thérapie à laquelle toute personne serait à même de s’identifier. Elle se livre et exprime ses expériences douloureuses, notamment liées à son passé. Si Lous traite de la solitude, de la dépression, des déceptions amicales et amoureuses, c’est aussi et surtout un album engagé qui dénonce racisme, inégalités hommes-femmes, violence et agressions sexuelles. Lous fait entendre sa voix envers et contre tout : la jeune femme pourrait bien être en passe de devenir une véritable icône engagée – et en ces temps moroses, on en a bien besoin !

Chaque titre a sa propre signature : différents univers marqués et très identifiés qui nous transportent tous à leur façon. On avait déjà découvert certains d’entre eux via des sorties de clips (‘Dilemme’, ‘Amigo’, ‘Tout est Gore’) et ‘Bon acteur’ qu’on avait pu écouter via son passage très apprécié dans COLORS. 

Dans l’iconique clip de ‘Dilemme’, on assiste à la rencontre entre les codes populaires de l’urbain (breakdance accompagné de son crew) et ceux du luxe (château, lustre et autres ornements) qui semblent être à la fois en opposition et totalement complémentaires, à l’instar de son propre personnage.

Lous joue beaucoup avec son apparence, son image, et ses coupes de cheveux : du carré frisé orange aux long cheveux noirs et lisses en passant par les immenses tresses collées. De manière générale, le style de Lous est à la croisée du japon, des traditions et de l’urbain : piercing au septum, tatouage ethnique référencé, grillz, gros chapeau, imprimés à gogo, plateformes XXL, long ongles ultra girly, bagues à tous les doigts… 

Son image fait sa force, et sa force fait son image. On sait tous.tes qu’il est difficile de s’imposer dans le milieu ultra masculin du hiphop ; c’est avec classe et style que la jeune femme arrive sur le devant de la scène. Que ce soit via ses ambitions, l’envie de « briser le game » qu’elle revendique ou son style ultra assumé, on n’est jamais prêt.e lorsqu’on la voit débouler.

Pour l’artiste, rien n’est laissé au hasard et chaque détail a son importance : son maquillage sur le front par exemple (un « Y » avec un point au milieu), est un symbole graphique intitulé « les mains levées vers le ciel », représentant ainsi deux bras qui relieraient la terre au ciel.

C’est ainsi que Lous maitrise le marketing à la perfection et arrive à faire passer ses valeurs à travers son image qui plaît beaucoup au public comme aux marques qui se l’arrachent, puisqu’elle est déjà égérie de mode dans la haute couture avec ses apparitions remarquées pour Chloé et Louis Vuitton !

Quelques jours après la sortie de Gore, Lous est partout : en couv’ de Télérama, en live chez Jimmy Fallon, et surtout, sur toutes les lèvres. On lui souhaite un succès bien mérité !

Noémie Lambert

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