Duo formé en 2015 à Los Angeles, Warbly Jets se compose de Samuel Shea et Julien O’Neil, deux musiciens multi-instrumentistes qui revendiquent s’être faits tous seuls, bien qu’ils fassent régulièrement appel à des musiciens live et studio additionnels et bénéficient du soutien de Rebel Union Entertainment. De leur debut album sorti en 2017 à leurs tournées internationales, ils ne voient pas leur trajectoire comme un coup de pouce du destin ou de leur entourage, mais comme le résultat d’un travail acharné et quotidien.

D’abord situé quelque part entre Primal Scream et Oasis, c’est auprès de Liam Gallagher dont ils sont les protégés qu’ils ont pu trouver encore un peu plus de crédit lors d’une tournée de presqu’un an à ses côtés et, tout aussi naturellement, en ouverture de The Dandy Warhols, Stone Temple Pilots, Rival Sons et Mystery Lights.

Porteurs d’un rock fougueux et brut lorsqu’ils débarquent sur la scène, ils proposent à cette époque une musique pleine d’entrain et de sauvagerie, classique de l’Angleterre des 90’s et plus précisément de la folle époque « Madchester ». Ceci n’empêche pas de trouver dans le premier album des Warbly Jets un OVNI blues-rock comme ‘Pt.II’ ou un genre de remake de ‘Bitter Sweet Symphony’ des Verve avec ‘Getting Closer (Than I Ever Have)’. Le duo semble d’ailleurs assez fan des samples de violons qu’ils continueront de travailler par la suite.

En 2019, leur musique évolue vers un EP 3 titres, Propaganda, beaucoup plus hybride. Emprunt des codes anglais de la fin des 90’s et du début 2000’s, les morceaux ‘Propaganda’, ‘Cool Kill Machine’ – au clip violent mais beau, façon Dexter électrisé – et ‘No Allegiance to the Game’ sont les premières pépites électro- rock où s’affirment une énergie drum & bass et breakbeat à la Chemical Brothers et Prodigy, ainsi qu’une culture du sampling sans faire la nique au goût prononcé pour les mélodies bien taillées.

Adeptes des vidéoclips où ils mettent en scène leurs personnalités arrogantes, l’image des Warbly Jets prend autant de place que leur son. Jouant avec les codes visuels des 90’s et 2000’s – années qui ont l’air de leur être chères en tous points – c’est sur leur dernier album Monsterhouse qu’on trouve les propositions les plus abouties aussi bien graphiquement que musicalement. À commencer par l’artwork de leur disque qui en dit long sur la mentalité avec laquelle ils l’ont construit.

Ce deuxième album studio de 13 titres, sorti en novembre 2021, a pour majeure partie été enregistré avant la pandémie avec une vision radicalement différente. ‘NASA’ monte en gamme avec un clip qui donne le tournis : les Warbly Jets y caricaturent les vidéos rap et eurodance de l’époque, employant à outrance le fish eye et le regard caméra… Effets qu’ils ne quitteront plus sur ‘Low Resolution’ et ‘TMI’ (pour « too much information”). A contrario, le clip de ‘TMI’ révèle des images plus léchées et très mode qui viennent se mélanger aux esthétiques précédemment usées.

Monsterhouse porte bien son nom : à la fois gai et sombre, violent mais groovy, sophistiqué et complexe, c’est un véritable monstre de Frankenstein magnifiquement rapiécé et assemblé qui nous est présenté : leur musique a su définitivement évoluer d’un rock un peu adolescent vers un pot-pourri organique, analogique et digital. 

Rois des logiciels, racks d’effets, samplers, MPC et autres joujoux de studio, on trouve dans cet opus des voix criées dans un mégaphone sur ‘No Brainer’ ou des ensembles composites et chiadés de samples piqués à droite à gauche, et de contributions de musiciens divers, parfois rejoués sur pads. Ceci toujours sans oublier les harmonies et les mélodies. 

Aujourd’hui, les Warbly Jets pourraient être comparés à deux jeunes Liam Gallagher version punk qui rencontreraient un C2C maître du sampling, un Leo Crabtree aux drums et un Courtney Taylor-Taylor au chant, le tout savamment remixé par un Andy Weatherall. On le concède, plutôt uniques !

En véritable geeks de studio, ils en dévoilent les secrets sur leur chaine Youtube :

Harmony Suard

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