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Bolivard

crédits photo : Hubert Bokobza

Funk, groove & anxiété sociale” peut-on lire sur le profil facebook de Bolivard. Une description sibylline, mais qui définit bien le mix de rythmes funky et de crises d’angoisses qui façonne l’electro pop du musicien à casquette et chemise bicolores.  Immersion dans le « Sick Sad World » de Bolivard.

Mi-homme mi-Xanax, Bolivard (de son prénom Simon, ça ne s’invente pas) exorcise galères du quotidien et appréhensions métaphysiques à grands renforts de lignes de basse insouciantes et d’humour pince sans rire. Sa musique est en effet le résultat d’un savant mélange de troubles psychologiques : l’hyperactivité (à la fois chanteur, guitariste, dessinateur, monteur, réalisateur, DJ et graphiste), la bipolarité (il a le chic pour accompagner des paroles anxiogènes d’instrus guillerettes) et la schizophrénie (dans ses clips comme dans ses titres, le jeune musicien se dédouble à l’infini et s’invente d’inquiétants alter égo).

Oscillant sans cesse entre sarcasme et bonne humeur,  superficialité et profondeur, Bolivard aborde des questions plus ou moins existentielles (le prix des appartements parisiens, le goût des paninis saumon, mais aussi l’avenir de la planète, la politique et l’angoisse de la mort). La thérapie musicale de Dr. Bolivard se présente donc comme un petit moulin à émotions, brassant aussi bien la joie et l’inquiétude que l’envie de danser et celle de se réfugier à tout jamais dans une grotte. 

De ses premiers mix à son premier EP, Dr Bolivard, sorti en mai dernier, l’artiste excelle dans les arrangements solaires. Autodidacte, il trempe un moment dans le petit bain de MySpace puis de Soundcloud où ses productions lumineuses, alliage d’instrus dance, de beat disco et de sonorités tropicales – comme le morceau ‘Aloha!’ – attirent le chaland. Au fil des partages et des compilations, le producteur se fait peu à peu une place au soleil avec sa musique pop’n’chill cosmopolite où la bossa-nova côtoie la chanson française, la guitare funky, le thérémine, pendant que les synthés s’emballent au rythme des percussions. Une recette efficace pour des mélodies terriblement entraînantes et aux airs de tubes de l’été, à l’image du morceau ‘La Vie’. 

Côté influences, le multi-instrumentiste avoue volontiers un faible pour la folie énamourée de Polnareff, les prods clinquantes de Quincy Jones et l’électro sauce dancefloor des anglais d’Hot Chip ou de l’australien Flume. Une appétence discoïde partagée par sa maison de disques, Cookie Records, spécialiste du disco underground nouvelle génération. D’ailleurs, en parlant de boule à facettes, entre les instrus groovy et le phrasé traînant, on retrouve beaucoup de French Boogie des années 80 dans l’ADN de Bolivard.  Enfin, sa tendance au DIY foutraque, mais léché – qui se détache notamment des clips – évoque bien sûr les joyeux drilles de Salut c’est Cool.

Seul aux manettes d’un projet 360° aussi musical que visuel, Bolivard réalise et anime aussi ses clips. Surfant sur la même ambivalence névrotique que dans sa musique, ses vidéos empruntant à la culture internet et aux dessins animés alternent humour noir et tendresse infinie (en atteste le clip de ‘Focus’), quand ils ne revêtent pas l’apparence de mini-thrillers (‘La réalité’).

Véritable orfèvre de la compo et de l’autodérision, le talent de Bolivard est concrétisé dans ce premier album aussi pointu que décalé. Vivement la suite, et en attendant, on le retrouve – si tout va bien – en concert au Hasard Ludique, le 26 septembre 2020. 

Eve Guiraud

On apprécie le sarcasme de Bolivard quant au parcours d’une vie, sur fond de légèreté, dans le clip de ‘Focus’ :

Ou encore l’instru groovy et le flow French Boogie des drôles de lyrics de ‘La Vie’ :

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